Suite de [Premier Topic]

=> Le hall

Si Floriant avait connu le passé de Thé, alors Thé l’aurait fuit comme on fuit la peste. Comme il avait fuit sa famille, comme il avait fuit ses amis. Son passé lui appartenait et il ne pouvait pas en parler. Il ne pouvait pas voir des regards tristes, et pitoyables posés sur sa personne. Personne n’était en mesure de comprendre la gravité de ce qui était arrivé, mais surtout, ce n’était pas la peine.
Ce n’était pas la peine d’être triste, d’être malheureux, ou de souffrir à la place de l’écrivain qui avait continué sa vie. Il n’était pas mort et malgré la douleur, il ne pensait pas sans cesse à Sarah, ni à Sashi. Il était triste, et c’était normal, mais il vivait tout de même. Tentait de vivre, selon les moments.

-Hmm, et bien dans deux heures j'ai rendez-vous avec mon agent. Pour l'instant vous pouvez me montrer disons l'essentiel.

Alors le jeu venait de déclencher une heure fatidique. Théodore sourit avec tendresse : dans deux heures l’homme partirait et il aurait un nouvel hôte. Cela ne faisait plus aucun doute. C’était bien de le savoir. Maldaurore était grand, heureusement, et ils avaient peu de chance de se croiser. Et même dans ses cas-là, il serait chose aisé de faire croire qu’il n’était pas le client, mais l’hôte. Après tout, les histoires personnelles, l’étaient, et il était interdit de révéler l’identité des personnes s’octroyant de plaisir dans ce havre.

-Et bien, comme vous devez le savoir je suis mannequin. Je suis ici car une amie m'y a envoyé de force pour me reposer.
- Pour vous reposer ?

Un instant de doute plana à l’intérieur du cerveau de Théodore. L’amie en question savait-elle où elle envoyait le jeune homme, et le jeune homme savait-il où il venait d’arriver ? Il serait fâcheux qu’il se trouve nez à nez avec des clients et des hôtes en pleine extase sans en comprendre la signification.

Aussi Théodore se permit-il de rediriger sa propre question, rapidement, tentant de comprendre le mystère de ce client.

- Et quels sont les désirs que vous souhaitez combler ?

L’entrée du Hammam était comme le reste de la demeure, somptueuse, mais sobre, sans l’excentricité qu’on peut trouver dans certaine demeure de riche, les murs d’un goût raffiné et élégant, laissait deviner que le décorateur avait prit du temps pour satisfaire dans les moindres détails les yeux des observateurs.

Le jeune Thé se retourna en direction de son « client », rejetant une de ses mèches noires de devant les yeux, il se pencha et baisa la main de l’home d’un petit baiser papillon et taquin.

- Vous devez vous déshabiller et entrer, avez-vous déjà fait ce genre de chose ?

Deux heures, c’était à la fois très court et très long. Deux heures c’était à peine le temps de parler, mais déjà le temps de trop en dire. C’était justement ce que Théodore recherchait …

Mais il ne toucherait pas à cette perle. Il ne serait pas la boue qui toucherait ce corps blanc comme neige. Il ne le pensait pas en tout cas, car, ça lui semblait farfelu comme idée et dangereux. Il risquait de se voir retourner des foudres auquel il ne s’attendait certainement pas.

Pourquoi son hôte était-il si surpris de savoir que son client était venu à cet endroit pour se reposer? Maldaurore était après tout, le lieu idéal pour se détendre et prendre du bon temps non? Bon d'accord, tout dépend de la définition qu'on a ici de se reposer. Floriant n'avait aucune arrière pensée en tête quand il parla de se détendre. Simplement prendre congé pour décompresser, se relaxer.

Pour ce qui est de l'amie en question, celle qui avait envoyé Floriant à Maldaurore, savait évidemment de quoi il en retournait. Samy avait voulu jouer un mauvais tour à son meilleur copain. L'étudiante avait pu déceler chez le mannequin une attirance pour les garçons, malgré le refuse de l'admettre de ce dernier. Quoi de mieux qu'un Club d'hôtes pour faire sortir Floriant du garde-robe?

- Et quels sont les désirs que vous souhaitez combler ?

-''Heu..''

Ce fut à peu près la seule réponse que pu obtenir Théodore du français. Cette question avait laissé l'homme dans la stupéfaction la plus totale. Il était confus. En terme de ''désir comblé'', il n'avais pas grand chose, sinon rien, à dire.

-''Ha...et bien, j'aimerais profiter de l'occasion pour perfectionner mon art du violon. Il faut dire qu'un bon massage ou un bon bain chaud ne ferait pas de mal non plus!''

Quoi de plus normal quand on était venu dans un hôtel réputé pour son (sa) luxe (luxure). Il fallait en profiter pour prendre du temps pour soi, pour se retrouver soi-même.

Et maintenant, les deux clients se trouvaient à l'entrée du Hammam. La vapeur des lieux laissait déjà présager se qui se cachait derrière ces murs. Mais voilà que l'écrivain se tournait déjà vers son client pour lui baiser la main à la manière d'un gentleman. Mais que de manières pour épater la galerie!! Cela flattait encore plus l'ego du prince. Hum pardon, je voulais dire du jeune homme.

-Vous devez vous déshabiller et entrer, avez-vous déjà fait ce genre de chose ?

Floriant le regarda d'un air un peu indigné. Mais bien sûr qu'il avait déjà fait ce genre de chose. Après tout, il était normal et logique même qu'un mannequin passe son temps libre dans une centre de massage, de soins pour la peau et toutes les places du genre, pour prendre soin de son instrument de travail: son corps.

-''Bien sûr que si... J'ai l'air d'un débutant?''
Et sans laisser le temps à Théodore de répliquer, il entra dans la salle prévue pour se changer. Il commença à déboutonner un à un les boutons de sa chemise vert pomme, qu'il fit ensuite glisser le long de ses bras pour la jeter au sol. Il fit de même avec ses autres morceaux de vêtements. Prenant quand même la peine de les plier soigneusement par après, avant de les déposer sur une chaise. Puis, il prit une serviette blanche qu'il s'enroula autour de la taille avant de sortir. Il prenait la peine d'attendre Thé quand même et étrangement, il se sentait un peu mal à l'aise. Comme s'il ne devait pas spécialement se trouver là...

Son art du violon ? Est-ce que Théodore avait bien entendu, ou est-ce qu’il s’était imaginé une phrase délirante de la part du jeune français qui était encore plus à l’Ouest qu’il ne se l’était imaginé. N’avait-il pas conscience que ces dires étaient à mille lieux de ce qu’on attend lorsqu’on vient dans un club d’hôte ? Evidemment, la brochure n’indiquait pas le plaisir de la chair, l’envie, l’hôte, la chambre et les parties de jambes en l’air, mais lorsqu’on parle d’hôte et d’invité, on se doute qu’il peut y avoir bien plus qu’un simple bain et un simple massage. Heureusement ou malheureusement pour Floriant, Théodore n’était pas dangereux. Il pouvait l’être mais pas face à l’innocence. Hors qu’il le veuille ou non, cet égocentrique et fatiguant jeune homme était aussi pur que le diamant qu’on vient d’extraire de la roche. Il n’avait pas encore été touché, et modelé, à aimer débauche et luxure. Il n’avait encore rien donner à un autre, si son amour, si sa virginité. Et écrire la première page de cette histoire-là était sans doute un grand risque.
Un risque que devrait prendre le vrai hôte de Floriant et non pas un usurpateur, car ce serait sinon un trop mauvais souvenir pour le jeune homme. Quant à la jeune étudiante, amie de Floriant, elle était inconsciente. Elle risquait surtout de dégoûter ce jeune homosexuel inavoué du contact humain. Si un homme le croisait, à moitié nu dans les couloirs, il ne comprendrait certainement pas le non et il serait violé dans cette atmosphère qui plane constamment dans les clubs d’hôte.

Théodore ne répliqua de toute manière pas au jeune homme. Il avait l’air d’un débutant, et plus que l’air, il était un débutant. Théodore n’aimait pas être nu, c’était une constante chez lui. Non pas que la nudité l’effrayait, mais elle l’ennuyait car ainsi il ne pouvait plus cacher le fait qu’à l’âge qu’il avait, il avait toujours un corps parfait, et c’était ennuyant lorsqu’on est écrivain et qu’on aime savoir que le corps est une trace de passage. Et qu’ensuite, lorsqu’il était nu, les cicatrices, les tatouages et autres marques étaient des plus visibles, le rendant lisibles comme un papier russe, réécrit en latin.

Heureusement, Théodore avait prit une serviette autour de sa taille, une petite serviette, et il rejoignit Floriant dans le sas. Tranquillement, il lui prit la main, le sentant mal à l’aise, normal me direz-vous. Ses doigts pressèrent les siens, et il susurra avec tendresse :

- Juste un massage pour vous reposer, ensuite vous irez à votre rendez-vous.

Un baiser fut offert au jeune homme, au coin de la tempe. Une excuse, sincère cette fois, de ne pas être celui qui devrait être. Théodore n’aurait jamais pensé que dans un club d’hôte, il aurait pu tomber sur une perle blanche. Il ne cherchait pas le loup, mais ne cherchait pas la brebis non plus. Et étrangement, en chat noir, il était capable d’attirer les deux.

Quoiqu’il fut en parfait berger capable de s’occuper de l’un et de se défendre de l’autre sans trop de mal. Lentement Théodore fit s’allonger sur le banc Floriant, s’installant près de lui. Ses mains chaudes glissant sur ses épaules, palpant, touchant. Effleurant, avant de presser. Les massages, il connaissait, même s’il en ferrait jamais aussi bien qu’un vrai masseur, pensait-il. Néanmoins, Théodore était doué de ses doigts, et c’était un de ses rares talents qui comblaient en général son incroyable gaucherie.

- Vous savez, murmura Thé, vous avez raison. Ma conduite était inacceptable. Ce soir, vous aurez un nouvel hôte qui se tiendra mieux que moi. Je suis encore jeune dans le métier, et le patron a du faire une erreur en me mettant avec un client aussi important que vous.

Certes, il mentait, mais il mentait pour le bien cette fois-ci. Le jeune écrivain continua des glisser ses doigts sur ce dos, descendant lentement jusqu’à la naissance, avant de se pencher et d’embrasser la nuque de Floriant. Il espérait au moins, que ce dernier n’aurait pas un trop mauvais souvenir, à cause de lui, de ce club.

- Monsieur, faites attention à vous ici. Si un jour vous avez besoin de moi, je viendrais.

Si Théodore avait peur de prendre le risque de commencer la première page du livre de Floriant, ce n'était rien comparé à ce dernier qui était tétanisé devant l'inconnu. Pourtant, celui qui se prenait pour l'hôte était écrivain, non? C'était surprenant qu'il ne soit pas curieux au point de ''s'essayer'' avec le mannequin. Simplement pour voir si... Après tout, la scène commençait. Les personnages se mettaient en place. Ne manquait que le point important pour que le lecteur reste rivé sur son siège à ne pas vouloir quitter son livre: l'intrigue. Oh bien sûr, Théodore était un usurpateur, un menteur, un faux-jeton, mais pouvait-il être pire que certains hôtes de Maldaurore? Qui sait sur quel genre d'homme pouvait tomber Floriant. Possible que ce soit un dominateur du style sado-maso, qui veuille s'amuser sans l'accord du petit agneau. Qu'il prenne une hache pour tondre sa laine au lieu d'y aller avec un rasoir. Au lieu d'y aller doucement, comme apprendre à un enfant qui monte à vélo pour la toute première fois. Qui sait si la vision qu'avait Théodore, de la rencontre du français avec un hôte presque dévêtu dans un couloir, qui ne se gênerait pas pour SE faire plaisir, était vraie?

- Juste un massage pour vous reposer, ensuite vous irez à votre rendez-vous.

Floriant jeta un coup d'oeil à celui qu'il croyait être son hôte, alors que celui-ci lui prit la main et lui baisa le coin de la tempe. Il resta interdit un moment, avant de lui sourire à nouveau. Il n'y avait là rien de déplacé ou encore moins de sensuel dans ce geste si tendre. Évidemment, le mannequin ignorait le vrai pourquoi de cette excuse. Puisque pour lui, Théodore était bel et bien celui qui lui était attitré. Alors, il se coucha sur le ventre et ferma les yeux. Laissant ainsi les mains douces et chaudes du masseur faire leur travail et le relaxer. Une multitude de frissons parcoururent son dos au toucher de l'écrivain dans on dos. Un sourire flotta sur ses lèvres tandis qu'il profitait du massage et de l'habileté qu'avait Thé à presser aux bons endroits pour relâcher les muscles endoloris.

Un sourcils se haussa à la déclaration de son hôte. Après avoir fait connaissance avec lui, il devrait déjà en rencontrer un autre? Qui risquait de ne pas être à son goût en plus?!?!? Alors là pas question qu'on joue au yo-yo avec lui. Floriant s'était déjà habitué avec théodore, pourquoi un autre maintenant? C'était peut-être sa faute après tout. Il avait joué au client difficile, impossible à satisfaire. Maintenant, il était normal que l'homme ne veuille plus de lui.

-''Non ça va...vous pouvez rester avec moi. Je suis désolé de m'être emporté si facilement..''

Il espérait que sa demande porte fruit, mais le laissa continuer quand même. C'était agréable de se laisser masser quand même. Puis, il sentit les lèvres du jeune homme effleurer sa nuque pour y déposer un doux baiser. Floriant frémit tandis que Théodore lui murmura une mise en garde.

- Monsieur, faites attention à vous ici. Si un jour vous avez besoin de moi, je viendrais.

Pourquoi était-il devenu si gentil avec lui tout d'un coup?!? Voulait-il le prévenir de quelque chose?!? Floriant se tourna un peu vers lui, du moins, le plus que lui permit le banc et le regarda, tentant de deviner les intentions de son hôte dans ses paroles.

-C'est très gentil à vous Thé...j'en prends bonne note. Mais vous croyez que je dois me méfier?

- La méfiance est une vertu égale à la confiance. Dosée correctement, elle vous protégera.

Floriant et Théodore. Si une histoire devait être écrire sur le cahier vierge de Floriant ou sur une nouvelle partie de celui de Théodore ce ne serait à personne d’autre qu’à eux de le décider le moment venu. Floriant a besoin d’être conduit et Théodore peut être le chien d’aveugle qui permet de dissiper une partie du brouillard. Est-ce une bonne idée ? L’écrivain ne tombera pas amoureux. Pas le premier, pas d’un chaton. Il peut être jaloux, colérique, souriant et rieur. Il trompe et n’a aucune fidélité lorsque l’amour n’existe pas, et il n’a plus existé depuis longtemps.
C’est effrayant. Floriant viendrait-il aussi follement entre ses mains s’il savait ce que Théodore pense à cet instant ? Ce corps entre ses mains est désirable, les chatons le sont toujours. Il a soif, soif d’alcool pour oublier, soif d’eau pour se laver, soif de corps pour s’épuiser. Il a faim, faim de cette peau qu’il ne connaît pas et qu’il découvre. Ses doigts parcourent le fin filet des épaules, la mâchoire, l’arque.

- Venez là.

Les mains de l’écrivain prennent ce corps inconnu pour le soulever et le tirer vers lui, le mettre par-dessus lui, l’asseoir sur ses genoux. Il caresse le visage, et soupire de bien être. C’est comme tenir un petit ange diablotin dans des bras qui ne doivent plus en contenir. Théodore n’est-il pas à l’opposé d’un homme à chaton ? Il ne souffre pas de son mensonge. Il ne peut souffrir des histoires qu’il invente, il les aime.

Si Floriant accepte sa présence, son contact. Si Floriant désire rester près de lui, c’est peut-être mieux ainsi. Plus agréable, et plus doux. Un silence et un plaisir qui se consume. L’histoire a déjà décidé qu’il aurait un hôte ce soir, mais l’histoire ne peut tout décider. Celle de Thé est imprécise, une vague sempiternelle de tendresse et de tristesse.

- Si je disais que je vous trouvais laid, peu à mon goût bien que je sois homosexuel, et particulièrement chétif, vous vous mettrez en colère. Vos yeux deviendront dragon, et votre bouche langue de vipère.

Théodore maintient de force la taille de Floriant, au cas où ce dernier voudrait se débattre. Il soupire, lui embrassant le coin de la lèvre, le coin de la joue.

- Si je disais que je vous trouvais beau, à mon goût bien qu’étant hétérosexuel, et particulièrement mignon, vous rougiriez. Vos yeux deviendraient une eau troublée, et votre bouche tendre bégayement.

Les mains se reposent sur le banc, le visage redevient sérieux, le sourire se perd. Les longs cheveux de Théodore se sont défaits, à peine, et glisse légèrement contre son corps transpirant. Sa poitrine se soulève à un rythme irrégulier, et il rit brutalement comme un enfant.

- Je suis votre hôte. Je dirais ce que vous désirez entendre. Pour mes clients, je joue le rôle du secrétaire, de l’ami et du confident. Je deviens chien lorsqu’ils le désirent, et maître lorsqu’ils aiment cela. S’ils veulent mon corps pour le baiser, je leur laisse. S’ils s’abandonnent à mes doigts, ou jouent à se débattre, je les prends.

Et la phrase se perd. L’envie d’insulter une amie de Floriant que Théodore ne connaît pas. L’envie de crier, aussi, face à l’inconscience. De se fâcher. Le monde est remplit de crétin, mais le pire des crétins c’est les anges qui se font piéger par amitié.

Théodore ne bouge plus. Il attend, il joue ses cartes … Gagner ou perdre, ce n’est pas la question. La question est d’avoir le contrôle, toujours.

Une couverture couleur d’ébène, comme la chevelure des deux hommes. L’écriture mêlerait le rouge et le blanc, joignant la blancheur de la peau de Théodore à ses lèvres couleur de sang. Comme dessin, un chaton innocent prisonnier des griffes d’un dragon. Ne manquerait plus que le titre de ce roman. Et justement la personne la plus appropriée pour trouver un nom original au livre qui serait sûrement un best-seller, était occupée à rédiger les premières pages. Seulement, l’encre tardait à couler.

- Venez là.

Des mains qui le soulèvent, qui le prennent pour l'asseoir sur les genoux de Théodore. La serviette glisse légèrement, mais Floriant la rattrape à temps pour couvrir sa taille et donc le plus important: son sexe, malgré que le tissu frôlait à présent la cuisse de son hôte. Les yeux d'une couleur différente fixaient avec étonnement l'homme qui le tenait sur lui. Se retrouvant dans une situation fort embarrassante, Floriant ne sut pas trop de quelle façon il devait réagir. Pourquoi es-ce que Thé agissait-ill ainsi avec lui ?!? C’était à n’y rien comprendre.

-...

Alors son hôte était homosexuel!?!? Et il l'insultait..encore une fois!!! Mais qu'es-ce qu'il faisait assis sur lui alors?!?!? Du coup, Floriant voulu s'enlever de cette position plus que gênante. Surtout maintenant qu'il savait que Théodore avait peut-être des idées derrière la tête en l'ayant amené ici. Il fit un geste pour s'esquiver, mais l'écrivain le maintenait de force sur lui. En plus, il avait le culot de venir l'embrasser à la commissure de ses lèvres, faisant rougir du coup le français.

- Si je disais que je vous trouvais beau, à mon goût bien qu’étant hétérosexuel, et particulièrement mignon, vous rougiriez. Vos yeux deviendraient une eau troublée, et votre bouche tendre bégayement.

Là, pour être troublé, le pauvre mannequin était vraiment troublé. C'était bien la première fois qu'on disait de telles choses sur lui et il devait avouer que c'était assez plaisant, malgré que gênant. Son visage se tourna vers son gardien pour s'apercevoir que celui-ci a libéré sa taille. Les yeux bleu-doré, sont fixés sur le corps en sueur de Théodore. Étrangement, il était triste que le sourire de son hôte ait disparu. Mais le rire de ce dernier, le fit sursauter légèrement.

- Je suis votre hôte. Je dirais ce que vous désirez entendre. Pour mes clients, je joue le rôle du secrétaire, de l’ami et du confident. Je deviens chien lorsqu’ils le désirent, et maître lorsqu’ils aiment cela. S’ils veulent mon corps pour le baiser, je leur laisse. S’ils s’abandonnent à mes doigts, ou jouent à se débattre, je les prends.

Cette fois, c'est les yeux écarquillés qu'il regarda son hôte. Celui qui venait de lui avouer en quoi son rôle consistait. Floriant était consterné...il se trouvait devant..non en fait sur...ce qui pouvait se comparer à un prostitué. Offrir son corps..n'es-ce pas ce que les catins faisaient?!? Mais en échange d'argent bien entendu. Ici...c'est ce qui se faisait??!?!? C'était on ne peut plus dégradant. Par contre, il devait avouer que Théodore avait été plutôt courtois et aimable avec lui. Alors, il pouvait le garder que pour son confident...et non comme amant. De toute façon, Floriant était hétérosexuel, non?!? Alors, il n'avait rien à craindre...

-''Hmm, je..je prendrai celui de..de confident alors?''

Comme si l'écrivain lui avait donné un choix. Pourtant, malgré les apparences, c'était encore et toujours Thé qui prenait les commandes et qui décidait de la suite des choses.

- Vous prendrez celui que vous désirez réellement.

Réellement, et l’heure n’était pas encore au choix. D’abord Floriant devait découvrir tout ce qu’il y avait à découvrir, rencontrer d’autres personnes, savoir enfin ce qu’il souhaitait vraiment. Un amant, des amants ? Rester vierge. Avoir Théodore, ou en avoir un autre, des autres. L’écrivain s’amuserait certainement de chaque erreur, chaque faute, chaque fois, car c’était doux de revoir le passé lorsqu’on est encore innocent et qu’on ne sait pas ce qu’est la douleur de la première fois.

Théodore se releva lentement, installant sagement le garçon près de lui sur le banc. Le massage était terminé. Debout, là, il dominait largement le jeune mannequin, et étrangement, l’écrivain se rendit compte qu’il venait de prendre une lourde responsabilité en protégeant ce jeune homme contre l’inévitable. Tôt ou tard, il aurait les jambes écartés devant un homme, tôt ou tard, sa chair se refermait sur le membre de l’un d’entre eux et il en pourrait rien y faire car c’était inscrit sur son front : petit chaton à prendre.
C’était horrible pour Floriant d’être ici et si Thé avait du lui donner un conseil, il lui aurait dit de partir. De retourner voir sa petite amie, de la pousser sur le lit, de la prendre, et d’oublier le monde de Maldaurore. Mais c’était trop tard. Evidemment trop tard !

Les longs doigts graciles de l’écrivain se mirent à monter ses cheveux noirs en un chignon, par-dessus son épaule. Il n’avait pas honte de dire cela, car il avait fait pire qu’être hôte dans sa vie. Il avait été la pute d’une vielle dame, un gigolo de première. Il avait offert son corps au plus offrant, laissé des cliniques prendre son sang pour des tests douteux. Il avait abandonné sa femme et sa fille à un pervers. Alors l’idée d’être hôte n’avait rien de repoussant, au contraire. Ce serait même quelque chose qu’il aurait été capable de faire.

Certes, mais il n’en était pas un et n’avait pas l’intention d’en devenir un. Trop mauvais caractère pour servir des hommes imbus d’eux même, trop salaud pour être bon, trop doux aussi pour pouvoir être correctement indifférent au sort des invités qui arrivent et repartent après avoir reprit de l’énergie dans les bras tendus.

- Prenons une douche ensemble, ensuite vous irez à votre rendez-vous.

Il ne se rendait pas compte qu’il commandait. C’était dans sa nature, tout simplement, d’agir en fonction des imprévus. Il aimait jouer, et il aimait contrôler, avec Floriant il était facile de faire les deux. Sans pour autant le blesser, car ce n’était pas le but de briser cet homme. Au contraire … Le rendre plus fort peut-être. Le rendre capable de savoir prendre les bonnes décision, car de ces décisions dépendraient son avenir.

- Venez …

Avec tendresse Thé prit la main de Flore, petite fleur blanche, et le guida fermement en direction des douches. Ils n’avaient le choix, l’heure approchait, et Floriant devait se laver s’il ne voulait pas donner une mauvaise impression de sa personne.

- Quelle est le nom de votre petite amie ? Celle qui vous a envoyé ici ?

Disant cela, Théodore disposa une grande serviette blanche, histoire de la poser près des douches. Son doigt pointant du doigt la petite serviette de Floriant, qu’il allait devoir retirer s’il comptait passer sous les douches. Douche qu’il pouvait bien prendre seul, mais que l’écrivain comptait partager : pour le plaisir de taquiner un peu plus, cette petite tourterelle délicate.

Cette fille-là, l’écrivain ne l’aimait pas. Il ne pourrait jamais apprécié des êtres qui risquaient la vie de leur ami simplement pour faire plaisir, rire, ou en disant que ça les changerait. Si on aime quelqu’un, et qu’on veut le voir changer, on s’y prend autrement. On ne le jette pas dans la gueule du loup.

On ne fait pas l’idiote, l’enfant. C’était tellement ignoble et cruel au fond.

- Vous êtes mannequin, ne me dites pas que vous avez peur d’être nu devant moi ?

Le doux moment de détente était donc déjà terminé. Floriant se retrouva assis, à côté de son hôte, sans dire un seul mot, l'air pensif. Devait-il partir vers sa chambre? En fait, il ignorait la chance qu'il avait eu de tomber sur un homme comme Théodore. Après tout, un vampire aurait pu décider de le prendre comme encas en voyant toute la fragilité du français. Après s'être amusé avec lui, à sa manière bien entendu, il l'aurait jeté comme un vulgaire déchet...ou pire. Sans le savoir, Floriant avait trouvé son protecteur....mais pour combien de temps?

Son coeur manqua un battement à la commande de Théodore. Prendre une douche ensemble? Sous l'eau et tout là?? Il voulait dire, prendre une douche, les deux ensemble..en même temps?!?!? Les joues du mannequin devinrent alors plus que rosées. Simplement à la pensée de se retrouver nu devant un inconnu et dans un espace aussi restreint qu'une salle de douche. C'était quelque chose d'intimidant, mais de tellement excitant en même temps. Allait-il entrer dans le jeu de l'imposteur ou tout simplement décider d'écourter la séance?
-Venez!''
Pas le temps de faire son choix que déjà la main délicate de l'hôte prit la sienne pour l'amener vers les douches où allait avoir lieu la suite des choses.

Sa petite amie? Thé lui parlait de Samy là?!? Un rire léger sortir de la gorge du jeune homme. L'étudiante était loin d'être son amoureuse. Du moins, elle aurait sûrement aimé, mais Floriant n'était pas du tout intéressé. Il préférait être son meilleur copain lui. D'ailleurs, c'était peut-être la raison pour laquelle la jeune femme l'avait envoyé dans un lieu de perdition comme Maldaurore. Par simple idée de vengeance, elle avait envoyé le chaton entre les griffes des loups. Et advienne que pourra.

-''Samy n'est en rien ma petite amie.'' répondit-il d'un ton sans réplique
-''C'est simplement une fille avec qui j'ai cours!'' dit-il en passant une main dans ses cheveux d'ébène. ''Non mais, la différence est importante!!''

S'il avait peur de se retrouver nu devant lui....il me semble que c'est évident que la réponse était oui. Ils ne se connaissaient que depuis à peine une heure et en plus c'était plutôt personnel de se dévoiler devant un autre. D'accord oui, Floriant était mannequin..et après?!? Lorsqu'il posait, c'était pas du tout la même chose, on ne se trouvait pas à proximité de lui. Personne ne se trouvait assez près pour pouvoir le frôler par accident. Mais bon, il fallait bien devenir un homme à un certain moment... Prenant une grande inspiration, le jeune homme se redressa et en plongeant son regard dans celui de Théodore, il retira vivement la serviette qui lui enserrait la taille. Le regard bleu et noisette soutenait celui de son hôte comme dans un air de défi, même si c'était en réalité plutôt drôle comme situation.

Floriant avait trouvé un protecteur pour toujours quoique désormais il se passe, même s’il blessait mille fois Théodore, jamais Théodore ne le laisserait tomber. Il avait presque promit de s’occuper de lui, et il le ferrait. Il serait l’ami, le confident, l’amant, le chien, le bourreau, le maître et la laisse. Il serait ce que Floriant aura besoin, plus que ce qu’il souhaitera. Il fallait maintenant avancer dans ce récit, y joindre les problèmes avec Peine qu’il rencontrera tôt ou tard, et l’hôte de Floriant qui est ce soir dans sa chambre.

Mais qu’importe, si Floriant le veut, le lien qu’il a avec Théodore demeurera par-dessus tout cela. Ils seront amants ou amis. Il s’aimeront, se déchirons ou se haïront. Le jeune écrivain se dépêcha de prendre la main de son petit compagnon pour le conduire sous les douches. Nu et nu, homme grand et jeune homme plus petit.

Rire contre air presque sérieux.

Les longs doigts de Théodore glissent sur les cheveux de Floriant qu’il nettoie, frisonne, avec une douceur incomparable. Il s’amuse à les nettoyer comme il laverait un enfant, une poupée, un amoureux aussi. Il glisse sensuellement le bout de ses doigts, et fait mousser le shampoing, avant de descendre les mains sur le dos du jeune garçon, le lavant.

- C’est mon rôle, si vous refusez, vous serez ridicule.

Remarqua le jeune écrivain bien doué pour tourner les choses en sa faveur. Descendant ses mains, il évita le sexe de Floriant et nettoya ses jambes, s’accroupissant pour descendre jusqu’à ses chevilles, avant de remonter. Soupirant, le bout de ses mains prenant le sexe, tournant autour, avant de le prendre à pleine main, descendant aussi ensuite sur les bourses.

Nettoyer, avec tendresse, connaître se corps, sans le moindre sexe, mais avec sensualité.

- Chut … ne bougez pas.

La voix ensorceleuse continue de s’occuper du garçon avant de l’embrasser d’un doux baiser, se stoppant aussitôt, prenant les mains de Floriant pour les mettre sur son corps d’homme. Il ne l’obligerait pas à faire la même chose, il voulait juste le sentir là. Sous l’eau chaude leur tombant dessus,
Il aimait faire l’amour sous la douche, mais pouvait-il tenter ? Pas aujourd’hui, puisque ce soir Floriant est encore vierge. Doux rire …

- Il est tard. Séchez-vous, et allez à votre rendez-vous. Ce soir, un autre hôte serra dans votre chambre, mais demain midi, je serrais au restaurant l’Aurore. Venez seul, ou avez lui, et vous me direz lequel des deux vous désirez … Ou les deux.

Doux rire moqueur, Théodore fit sortir Floriant de sous la douche, le séchant de la même manière qui l’avait lavé, sans s’approcher toutefois du sexe cette fois-ci. S’attardant sur les cheveux, et sur les lèvres. S’amusant, ensuite, à le laisser-là, d’un geste de la main.

Un au revoir ?

Ou un adieu ?

C’était à Floriant de choisir.
Seulement à lui.

Floriant avait maintenant son bienfaiteur, celui qui resterait son ange gardien peu importe les circonstances. Oh certes il ne lui avait pas dit avec des mots. Mais le mannequin avait pu le sentir dans son regard protecteur, dans ses gestes paternels. Il était arrivé à Maldaurore seul. Ne connaissant personne, aucun hôte, ni aucun client. Et voilà qu'en une soirée, il se retrouvait déjà avec un compagnon. Un écrivain qui pouvait se reconvertir en tous les rôles dont Floriant aurait besoin. D'ami il passerait possiblement à un amant bienveillant. De père, il deviendrait peut-être son tortionnaire d'une nuit. Ce qui importait pour l'instant, c'est que le français se sente en sécurité et bien disposé avec lui.

Et voilà qu'une main gracile prenait la sienne pour l'amener aux douches. Il n'y avait plus de retour en arrière possible maintenant. Floriant ferma les yeux sous les caresses prodiguées par le savoir-faire de Théodore pour son shampoing. Il faut dire qu'on ne lui avait jamais lavé les cheveux de cette manière, on aurait dit un massage tellement cela était doux. Il émit un petit soupir d'aise tandis que son hôte descendait sa main pour lui laver le dos.

Se retrouvant aussi nu qu'un vers, il était difficile de cacher à l'écrivain que ce qu'il lui faisait ne lui plaisait pas. En effet, une érection était bel et bien visible chez le mannequin qui rougissait de plus en plus sous les caresses de son hôte. C'était la première fois de sa vie qu'il ressentait cette sensation étrange. Bon ok, c'était aussi la première fois de sa vie qu'on le caressait de cette façon.

-''Han...Thé...Hmmm...''

- Chut … ne bougez pas.

Il se mordit la lèvre pour tenter de retenir ses gémissements qui voulaient pourtant sortir de sa gorge. Puis, l'inconcevable arriva. Il écarquilla les yeux en sentant les lèvres carmines se poser doucement sur les siennes. Tout d'abord surpris, Floriant se laissa faire et voulu continuer lui aussi, mais Théodore s'était déjà reculé pour cesser le baiser. À la place, il lui avait pris les mains pour les placer sur son corps. Le mannequin déglutit et rougit de plus belle, ne sachant pas trop quoi faire pour le moment. Puis, lentement, il se mit à le caresser. Il se serait sans doute laissé aller si le doux rire de Thé ne l'avait pas arrêté.

- Il est tard. Séchez-vous, et allez à votre rendez-vous. Ce soir, un autre hôte serra dans votre chambre, mais demain midi, je serrais au restaurant l’Aurore. Venez seul, ou avez lui, et vous me direz lequel des deux vous désirez … Ou les deux.

Surpris, il hocha pourtant la tête. Puis se laissa entraîner par son hôte du moment pour se faire sécher....se demandant pourquoi il aurait aimé rester sous l'eau chaude. Il aurait aimé garder encore les mains de Théodore sur son corps qui quémandait encore et encore des caresses, mais l'écrivain le laissa après lui avoir séché les cheveux. Encore sous le choc de ce qui s'était produit, Floriant poussa un soupire en se rhabillant, repassant encore les évènements dans sa tête et décida d'aller faire un tour dans les environs...pour se changer les idées... ou pas...

Ce serait sûrement un Au revoir....

[Fin du Topic ^^]